Historique de la commune

Origine du nom

Clocher de l'église de Kernilis

Plusieurs interprétations suivant différentes versions dont certaines paraissent légendaires :

Kernilis pourrait venir de :
> «KERN» : sommet, hauteur, extrémité
> «ILIS» : église – église située sur une hauteur
«GUERN – ILLIS» : c’est-à-dire entourée de «GUERN», marécages. L’église actuelle étant autrefois entourée de prairies qui pouvaient être des marécages.
«CAER N’ILIS» qui signifierait église construite dans un camp retranché

Jusqu’au XVIème siècle, la paroisse s’appelait «KERMOEN» et était située près du château de CARMAN, avant d’être au lieu actuel. Cet endroit, entre Toul Douar et Carman-Coz, où il n’y a plus aucune maison, portait avant le remembrement ; le nom de «LEURGUER». Un champ, appelé «PARK ROUND» formait un mamelon encore perceptible aujourd’hui dans un champ de Guianvarc’h.

D’après l’Abbé Pierre LOAEC, le nom de «KERN» ou «CARN» – «ILIS» tire son origine de cette situation géographique : église située auprès d’un «CARN», ou élévation de terre.

Kernilis est nommée KERNILIS-KERMAVAN dans une mettre du duc Jean V de 1406, à cause de la terre seigneuriale de Kermavan, l’une des principales du pays dont le chef-lieu se trouvait dans une paroisse de Kernilis.

Son église

L’église fut érigée en 1866, l’architecte étant Mr BOURDAIS de Brest qui collabora plus tard à la construction du palais du Trocadéro pour l’exposition de 1878. Elle se distingue par la correction de ses lignes et l’originalité de sa charpente apparente. La seule partie ancienne est le clocher du XVIIe siècle (1637). Il fut abattu par la foudre le 11 décembre 1827. Pour le réparer on utilisa les ruines de 2 vieilles tours, seuls témoins de ce que fut autrefois le château de Carman. Les habitants de Kernilis qui firent les charrois gratuitement ne lésinèrent pas sur la besogne, car les pierres de taille du mur du cimetière proviennent probablement de la même origine.

L’If séculaire (400 ans environ)

Si l’on en croit les archives paroissiales les ifs du cimetière auraient été plantés par François de Maillé de Carman du temps de la ligue, en signe de soumission à Henri IV. Primitivement il y avait 4 ifs. Deux d’entre eux ont servi à faire la crédence et les armoires de la sacristie (1876 – 1877). Le troisième fut abattu en 1920 pour faire place au monument aux morts de la guerre 1914 – 1918, situé à la hauteur du clocher. Le dernier if est encore plein de vitalité malgré son grand âge. On dit que “c’est le plus bel if existant dans le Finistère” ! Cependant, en 1931, l’installation de l’électricité à Kernilis faillit lui être fatale… Les électriciens trouvant le malheureux if sur la route pour transporter le courant à la sacristie, sans consulter ni maire, ni recteur, se mirent à élaguer généreusement les branches qui gênaient le passage de la ligne. Toute la population en fut indignée. Pendant quelques années, l’arbre qui faisait la fierté de Kernilis ressemblait à un mutilé survivant difficilement à ses blessures. Mais, au cours des ans, la partie blessée a repris vie et les branches sciées produisent encore une végétation dense et vigoureuse donnant à l’arbre un regain de jeunesse.

Présence romaine

Kernilis porte des traces de l’occupation romaine. Les plus connues sont “Muriaou” ou “Moguer”, et sans doute “Coz-Milin”.

Borne romaine de Kerscao :

C’est à l’extrême pointe Nord de la Commune, à Kerscao, en bordure de la voie romaine de Carhaix à Plouguerneau, que se trouvait la borne milliaire de Claude 1er (Tibérius Drusus), empereur romain né à Lyon, l’an 10 avant J.C. En 1873, l’archiviste départemental du Finistère, Mr LE MEN la fit transporter à Quimper. Elle trône actuellement à l’entrée du Musée départemental. On peut y lire les inscriptions suivantes :

Borne milliaire de Kerscao en Kernilis-Léon en granit – année 45 -46 avant J.C.

Traduction des inscriptions latines :

Tibère Claude, fils de Drusus César Auguste, souverain pontife, revêtu de la cinquième puissance tiburcienne, salué impérator onze fois désigné pour la quatrième fois. De Vorganium sept ou huit ou neuf milliers de pas.

Lorsque la borne fut transportée à Quimper on pria Mr Labasque, agent voyer, de planter à sa place une borne nouvelle avec la date du transfert de la borne milliaire.

Cette prière ne fut jamais exécutée ; et, ce n’est qu’en 1983, grâce à Mr le Maire de Kernilis et aux renseignements donnés par les habitants de Kerscao que la place de la borne a été localisée et matérialisée par la plantation d’une petite borne en pierre.

L’emplacement serait situé au point de rencontre des 3 communes de Plouguerneau – Guissény – Kernilis. Sur le cadastre, la prairie où se trouve cette limite se nomme “Pradic an tri PERSON” (le pré des 3 recteurs).

Autres présences romaines : à 1 km au Nord-Ouest du bourg, au hameau de “Kerbrat” au lieu dit “Parc-ar-Muriaou” on a trouvé des restes de tuiles, de vases et de monnaies romaines. Au village de “Kerzulant” à 1,5 km au Nord-Est de l”église, on a également découvert de nombreuses poteries et monnaies romaines.

Civilisation chrétienne

Auprès de Lann-Béniguet, se trouve l’emplacement de la chapelle de Sainte Anastase, aujourd’hui complètement disparue. Le seul vestige qui subsiste est la porte du porche, qui aujourd’hui a été insérée dans la maison d’habitation. À la fin du XVIe siècle, il y avait à Sainte Anastase, un chapelain, Thomas Le Rouzic, qui tenait une école que fréquenta Michel Nobletz, pendant qu’il était élevé par son grand-père maternel, Mr de Lesguern, de Saint-Frégant.

Kernilis compte 15 croix recensées.

À noter que ces croix recensées, lors du remembrement, ont été déplacées, ce qui leur enlève tout le sens qu’impliquait leur présence en des endroits inattendus.

Ces croix marquaient parfois la limite entre paroisses, ou servaient de plaques indicatrices pour baliser les routes vers les lieux de pèlerinage. D’autres rappelaient des faits d’armes, ou encore des accidents de la route.

Famille Carman

À 1 km au Sud-Ouest du bourg, s’élève une motte féodale et très peu de vestiges du vieux château de Carman. La vieille tour qui existait encore au XIXe siècle servit à réparer le clocher de l’église. D’après la légende, on aurait eu recours au canon pour démolir les restes du château.

La famille “Carman” anciennement “Kermavan” avait donné son nom au château : “Castel-Carman”. Cette famille était l’une des plus riches du Léon, d’où l’une de ses devises : “Richesse de Carman”.

Un des seigneurs, François de Carman, fut tué en 1600 par l’audacieux chef naufrageur Guillaume Simon de Tromenec. Son sarcophage se trouve dans la chapelle délabrée de Saint Laurent en Landéda.

Une légende dit :

Il fut un temps où le châtelain de Carman s’arrogeait le droit de piller les marchands, de rançonner les voyageurs et d’enlever les jolies femmes ; on ne passait qu’en tremblant auprès des ruines du Château. Plus tard, il devint l’asile des vertus, de la vaillance et de la courtoisie.

L’autre devise de la famille Carman : “Doue araog”. Quant aux armoiries, elles sont devenues celles de Kernilis (délibération du Conseil Municipal du Kernilis du 13 mai 1980, délibération de la commission départementale d’Héraldique du Finistère du 4 juin 1980) : “d’or au lion d’azur, au chef d’argent chargé de 3 mouchetures d’hermine”.

La devise de la commune étant “War Araog”.

Chateau carman